Clôture émouvante de l’année scolaire 2024-2025 à HOPE DeafBlind School : une victoire silencieuse dans un contexte de guerre

Dans la ville de Goma, à l'est de la République Démocratique du Congo, là où la guerre étouffe encore les chants d'enfants, là où l'insécurité impose des choix douloureux aux familles et où l’aide humanitaire se fait de plus en plus rare, une lumière continue de briller. Elle vient de l’école HOPE DeafBlind School, un établissement unique en son genre qui accueille des enfants sourds-aveugles et sourds orphelins, souvent ignorés dans les politiques éducatives ou les réponses d’urgence humanitaire.

Le 14 juillet 2025, cette école a organisé une cérémonie de clôture de l’année scolaire, marquant la fin d’un cycle chargé d’émotions, de défis et de petites victoires silencieuses. Cette journée a été l’occasion de célébrer non seulement les résultats scolaires, mais aussi la force d’un engagement communautaire résilient, celui d’hommes et de femmes qui refusent d’abandonner ceux dont la voix n’est pas entendue.

Dans un contexte marqué par des conflits persistants, la poursuite des activités scolaires relève de l’exploit. L’année 2024-2025 n’a pas échappé aux turbulences. Les bombardements, les déplacements massifs de populations, les pénuries de nourriture, le stress collectif, tout cela aurait pu faire sombrer le petit monde fragile de l’école HOPE DeafBlind School Goma. Plusieurs familles ont choisi, par crainte ou par manque de moyens, de retirer leurs enfants du centre. Certains élèves n'ont plus été revus depuis des mois. D'autres ont été tout simplement abandonnés, faute d'encadrement familial ou de ressources pour assurer leur sécurité et leur accompagnement. En début d’année, ils étaient plus de trente ; à la clôture, ils n’étaient plus que dix-huit et le jour de la proclamation certaines familles avaient déjà retirées leurs enfants. Mais ces dix-huit enfants ont tenu bon. Et avec eux, les enseignants, les bénévoles, les éducateurs spécialisés, tous déterminés à tenir tête à la fatalité.


L’un des défis les plus marquants de cette année a été l'absence quasi totale de matériel adapté pour l’apprentissage. L’école, déjà sous-équipée, a dû composer avec des manuels obsolètes, des outils braille usés, des instruments manquants, et surtout un cruel déficit de moyens technologiques pour stimuler les sens des enfants. Apprendre dans ces conditions nécessite non seulement de la créativité, mais aussi beaucoup de patience et de dévouement. Les enseignants ont dû adapter les contenus de manière artisanale : fabriquer des cartes tactiles, créer des objets sensoriels à partir de matériaux récupérés, utiliser le toucher, le rythme, les objets du quotidien pour expliquer des concepts de base. Ils ont transformé leurs mains en tableau noir, leur voix en refuge, leurs gestes en ponts d’apprentissage.

Le manque de financement est également une préoccupation constante. L’école repose essentiellement sur l’engagement de bénévoles et quelques dons sporadiques. Aucun budget stable, aucune subvention régulière, aucun appui du gouvernement. Dans un tel environnement, maintenir le moral des enseignants relève de l’alchimie. Beaucoup travaillent sans salaire, d’autres avec des compensations symboliques. Pourtant, ils ne se sont pas découragés. Leur motivation ne vient pas d’un contrat, mais de la conscience que leur travail redonne une dignité aux enfants. À HOPE DeafBlind School, l’éducation n’est pas qu’un droit, elle est un acte de résistance.

La cérémonie du 14 juillet à Hope DeafBlind School Goma s’est déroulée dans un climat simple, empreint de dignité et de reconnaissance. Chaque élève a reçu son bulletin scolaire, remis avec respect et bienveillance par les encadreurs. Un moment fort de la journée a été la démonstration de la langue des signes tactiles, à travers laquelle les enfants ont exprimé, par le toucher, ce qu’ils ont appris au cours de l’année. Leurs gestes précis, leur calme et leur attention témoignaient du chemin parcouru, malgré les difficultés. Cette présentation silencieuse mais éloquente a laissé une impression profonde, symbole de la capacité de ces enfants à communiquer, apprendre et évoluer avec confiance.

Le taux de réussite scolaire pour cette année est de 100 %, une performance exceptionnelle compte tenu des obstacles. Mais au-delà des notes, c’est la progression individuelle de chaque enfant qui impressionne. Certains ont appris à se laver seuls, à reconnaître les objets de leur environnement, à nommer des émotions simples à travers des signes, à composer des phrases tactiles pour exprimer leurs envies. D’autres ont retrouvé une forme de sociabilité après des mois de fermeture intérieure. Ces petites victoires, invisibles dans les statistiques classiques, sont pourtant le cœur de l’éducation inclusive.

Pour l’équipe éducative, il ne s’agit pas seulement de faire passer les élèves à une autre classe, mais de les aider à gagner en autonomie. Cela demande un accompagnement continu, une présence bienveillante, et des outils adaptés. Mais comment continuer si l’école reste invisible dans les politiques nationales ? Si les partenaires internationaux oublient que les enfants sourds-aveugles existent aussi dans les zones de conflit ? C’est à ces questions que les responsables de HOPE DeafBlind School Goma tentent de répondre, non pas avec de grands discours, mais avec des actions concrètes.

La clôture de cette année scolaire ne signifie pas la fin du combat. Déjà, les préparatifs pour l’année 2025-2026 sont en cours. L’équipe a lancé une campagne de sensibilisation dans les quartiers périphériques, a l’intérieure de la province du Nord-Kivu c’est-à-dire dans les territoires, les églises et les marchés. L’objectif est de retrouver les enfants qui ont été déscolarisés, d’en repérer de nouveaux, de convaincre les familles que l’école est un espace de sécurité, même en temps de guerre. Cette mobilisation vise aussi à briser les stéréotypes autour du handicap sensoriel : non, un enfant sourd-aveugle n’est pas condamné à rester enfermé dans son monde. Oui, il peut apprendre, s’exprimer, interagir, contribuer.

Mais pour réussir cette nouvelle année, l’école ne peut y arriver seule. Elle a besoin de partenaires, d’ONG spécialisées, de mécènes, de fondations, d’institutions éducatives prêtes à tendre la main. L’appel est lancé à tous ceux qui croient en une éducation inclusive : chaque don, chaque matériel, chaque appui technique, chaque visite, chaque mot d’encouragement peut changer le destin d’un enfant. Donner une tablette braille, une boîte de matériel tactile, une formation en langue des signes, c’est ouvrir une porte vers l’avenir. La liste ci-dessous présente brièvement diverses ressources de stratégies, de matériel et d'équipements pédagogiques spécialisés pour les personnes sourdes-aveugles.

Au-delà de l’école, c’est un plaidoyer pour une société plus juste que l’équipe HOPE DeafBlind School Goma veut porter. Une société où chaque être humain, indépendamment de ses capacités, a sa place. Où la fragilité devient une richesse. Où la solidarité ne dépend pas des caméras, mais du cœur. Les enfants sourds-aveugles et sourds orphelins ne demandent pas la pitié, mais l’opportunité d’apprendre, de grandir, de rêver. C’est à nous tous qu’il revient de leur offrir cette chance.

À la fin de cette année scolaire 2024-2025, HOPE DeafBlind School nous enseigne une leçon simple et puissante : même dans les ténèbres, l’espoir peut grandir, à condition qu’on lui tende la main. 

MKS SE ODDPH

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