Journée internationale de la surdité-cécité : une lumière dans l’obscurité, depuis Goma
Cette
première célébration de la Journée internationale de la surdité-cécité
s’inscrit dans la continuité de la 18e session de la Conférence des États
parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées (COSP, de
l’anglais Conference of States Parties to the
Convention on the Rights of Persons with Disabilities), qui s’est tenue du
10 au 12 juin 2025 au siège des Nations Unies à New York. Cette session avait
pour thème : « Renforcer la sensibilisation du public aux droits et aux
contributions des personnes handicapées au développement social dans la
perspective du deuxième Sommet mondial pour le développement social. » C’est
dans ce contexte qu’a été prise la décision de célébrer désormais, chaque 27
juin, une Journée internationale dédiée à la surdité-cécité. Pour cette
première édition, le thème retenu est : « L’accès à l’information et à la
communication est un droit fondamental pour les personnes sourdes-aveugles. »
https://www.un.org/fr/observances/deafblindness-day
Un lieu d’espoir au cœur d’une zone de conflit : l’école Hope DeafBlind
School de Goma
Dans ce contexte mondial, la visite de la
Secrétaire Exécutive de l’Observatoire pour la Défense des Droits des Personnes
Handicapées (ODDPH) à l’école Hope
DeafBlind School Goma, un département du centre Nguvu Yetu, a été une expérience
profondément marquante. Fondée
en 2018, cette école est à ce jour la seule structure
éducative en République Démocratique du Congo spécialement dédiée aux enfants
sourds-aveugles vivant en situation de grande vulnérabilité. L’établissement a commencé
modestement, avec seulement huit enfants, originaires des territoires de
Massisi et Rutshuru, des zones touchées de plein fouet par les conflits armés,
la pauvreté et l’instabilité. Ces enfants étaient souvent victimes d’exclusion,
de stigmatisation et parfois de traitements inhumains. Dans certaines
communautés, la double déficience sensorielle était perçue comme une honte,
poussant des familles à cacher, voire enfermer leurs enfants, sans soins ni
interaction. Ces enfants sont soit orphelins de guerre,
soit abandonnés dans la rue ou à défaut confiés à des grand-mères démunies et fatiguées,
elles-mêmes en situation précaire. Chaque enfant accueilli
dans cette école porte en lui une histoire bouleversante, mais aussi une possibilité de
renaissance grâce à l’éducation et à l’accompagnement adapté.
L’éducation des enfants sourds-aveugles est coûteuse et exigeante : internat, nourriture, soins médicaux, vêtements, manuels spécifiques, encadrement de qualité, loisirs encadrés, etc. Le centre ne peut continuer à fonctionner sans l’accompagnement de partenaires et de bailleurs engagés pour une éducation inclusive.
En cette Journée internationale
de la surdité-cécité, l’école Hope Deafblind School appelle à une mobilisation
urgente et collective. Pour que ces enfants ne soient plus oubliés. Pour que le
silence et l’obscurité cèdent la place à la lumière et à l’expression. Pour que
le droit à l’éducation devienne une réalité, même en temps de guerre.
Célébrer la Journée internationale de la surdité-cécité, ce n’est pas seulement honorer la mémoire d’Helen Keller. C’est ouvrir les yeux sur des réalités oubliées, soutenir les héros silencieux comme Jonas, et encourager les bâtisseurs de paix comme le pasteur Kamonyo Botanyi. C’est surtout donner une voix à celles et ceux qu’on n’écoute jamais.
MKS, SE ODDPH
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